17 avril 2015

Interlude : choses saugrenues

J'ai aperçu la "femme-singe" locale, en Équateur (depuis le bus, elle dans la rue, mais bon). Plein de pwals donc.
"Dis donc il était vachement poilu le mec là.
- Ah tu l'as vue ?! C'est la mujer-mono (femme singe) ! Elle est hyper connue !"
Bon j'ai cherché, apparemment mondialement y en a une qui lui vole la vedette, c'est pas juste.

Les indigènes portent toujours des chapeaux. De jolis chapeaux. Mais du coup quand il pleut, au lieu d'utiliser un parapluie, de retirer le chapeau ou d'avoir un deuxième chapeau waterproof, elles le couvrent avec un sac plastique. C'est tout de suite moins classe.

Deux dichos (dictons) qu'on entend tout le temps :
"Todo posible, nada seguro."
(Tout est possible, rien n'est sûr.)
"À la cama y en la mesa, no verguenza."
(À table et au lit, il n'y a pas de honte à avoir.)
- Oui, ils sont très portés blagues grivoises, même quand vous les connaissez pas. D'ailleurs en parlant de ça...

Un jour on a trouvé un fruit étrange et inconnu qui nous faisait penser à des... Enfin on dirait que ce sont des poils de... Enfin bref.


Et un jour on a trouvé le pendant femelle, sur un arbre.


Au tout début, à Quito, je vais à une soirée pour Halloween et je tombe par hasard sur un ami que je savais seulement à Quito. Quelques jours plus tard je rencontre comme ça, dans la rue, une fille de Lyon que je savais seulement en Amérique latine ! Le monde doit pas être si grand.

Au Chili, à Pucon, j'ai retrouvé la bouée de mon enfance.



10 avril 2015

Haciendo dedo

Ici commence l'épisode "tenter de faire du stop en Argentine". Plus récemment j'ai essayé ça sur l'île de Chiloé où tout le monde le fait et où on n'a pas vraiment le choix si on veut aller quelque part comme les bus ne sont pas foule, et ça fonctionnait très bien. Mais alors en Argentine...

De Cafayate on est parti en bus jusqu'à Santa Maria, un peu au pif donc. Il y avait deux routes pour aller au sud, et on n'a peut être pas fait le choix le plus judicieux mais quand on demande l'avis des gens sur place tous vous disent que leur propre bled est le plus joli et le meilleur endroit du monde, pas facile de se faire un avis. Du coup on a plutôt fait en fonction des horaires du bus.
On débarque donc à Santa Maria en commençant par gambader au moins 12 quadras pour aller du terminal de bus jusqu'au camping (un quadra c'est un peu ce qu'on appelle un pâté de maisons - oui je sais on lit ça seulement dans les romans 8-10 ans - mais comme ici la plupart des villes datent de l'époque coloniale elles ont été construites avec des rues bien perpendiculaires, on peut donc compter les quadras et les indications de directions se donnent en nombre de quadras. En général faut souvent multiplier par deux le chiffre qu'on vous annonce, si c'est pas trois).


On atterrit finalement au camping, qui est ma foi bien tranquille, pas cher, et où on ne fait à peu près... Rien pendant 2 jours, à part faire du feu pour cuisiner des trucs, boire le maté ou l'apéro avec les voisins, ou profiter de la piscine (une seule fois la piscine, parce que faut pas déconner, elle est payante).




Le dernier jour on est réveillé par des cris de gosses et des chansons pour enfants, j'ai l'impression d'être un jour de congé en colo, mais qu'est ce que c'est que ce bordel ? Et en effet quand on pointe le nez hors de la tente on découvre une espèce de convention de colos, je ne sais combien de groupes d'enfants réunis avec leurs animateurs autour de la piscine, maire et caméras de télévision inclus. Un peu dur le réveil.

Ce jour là nous mettons les voiles, et décidons de le faire... En stop. Bon déjà faut marcher encore plus loin que le terminal de bus, alors ça commence par beaucoup de sueur. Quand enfin on arrive sur la fameuse route n°... Je ne me souviens plus. (Oui, en Argentine les routes ont des numéros). On se positionne pile en face d'une maison dont la maîtresse tient un petit stand avec ses produits : vin, alfajoles, autres pâtisseries dont je ne connais pas le nom. Je lui achète une bouteille, et comme ils sont en train de manger, Cristian lui demande si elle ne peut pas nous vendre une assiette (sur la route un seul magasin, et après avoir demandé ils nous ont dit être seulement une boulangerie). Elle nous offre une assiette, et un peu plus tard des pêches de son jardin. Mais pendant ce temps, les gens de la boulangerie nous appellent et nous offrent eux aussi une assiette de ce qu'ils sont en train de manger ! Tant de buena onda nous met de bonne humeur, et un vieux monsieur s'arrête enfin et nous dépose au bled suivant. Puis une nonne, jusqu'à un nouveau village, Punta de Ballasto, d'où on n'arrivera jamais à repartir en stop. Un autre groupe d'autostoppeurs est là depuis le matin... On se met donc en quête d'un jardin où planter notre tente, et on atterrit dans une famille avec plein de bebêtes et cette petite fille qui ne me lâche pas la patte mais qui est bien mignonne, même si je comprends pas tout ce qu'elle me raconte.



On fait à manger pour eux, on ouvre la bouteille achetée dans l'après-midi et on dîne tous ensemble, ce qui est fort sympa ! Le lendemain on reprend le stop... euh le bus (bah oui parce que toujours personne ne nous prend en stop, ni le groupe de la veille).


 Notre souci c'est qu'on est sans le sou : pas de distributeur pour ma carte, et Cristian a des dollars en poche, mais il faut pouvoir les changer. On promet au chauffeur de payer à l'arrivée, ce qu'il accepte en gardant nos valises en otage. Problème à la dite arrivée : ma carte bleue ne fonctionne pas dans l'unique distributeur du village. Il y aurait, nous dit-on, quelques magasins qui changent les dollars en pesos argentins, mais on est en plein après-midi, et tout est fermé (souvenez-vous : la chaleur, les horaires argentins, etc). On ère donc à la recherche de quelqu'un qui acceptera nos dollars, au désespoir. Cristian me sort une vacherie, je tente donc de lui botter l'arrière-train quand ma sandale explose littéralement : fou rire de sa part pour toute la soirée. Il lui suffira de repenser à la chose pour exploser de rire à nouveau des heures plus tard.


 Je retourne au terminal de bus en traînant la patte, et invente une réparation de fortune avec un anneau de porte-clé.


Finalement on changera les dollars dans un super marché qui nous les prendra au taux officiel, ce qui nous a donné envie de pleurer toutes les larmes de notre corps. Oui parce que l'intérêt de transporter des dollars en Argentine, c'est le blue market : impossible d'en retirer là-bas, du coup ils s'achètent à un taux beaucoup plus élevé que le taux de change officiel, ce qui vous permet de gagner des sous si vous ne faites pas comme moi et que vous venez avec une bonne liasse de billets verts.

À l'Office du tourisme on nous apprend que le camping municipal est gratuit ! Et à mille quadras encore une fois. Bon, le camping s'avère être le vélodrome du village (Belén je crois), on a des sanitaires (parfois fermés la nuit) mais pas de douche, on fait ça au robinet dehors !





L'après-midi on ne sait pas quoi faire de nous tellement la chaleur est insupportable. Quand on quitte l'ombre deux secondes on se liquéfie littéralement, alors notre passe-temps favoris est d'aller boire quand la terrasse est à l'ombre une bouteille de coca avec 3 tonnes de glaçons.

Le matin du départ une course de vélo se prépare et on remballe au milieu des cyclistes, ça doit être la malédiction de la levée de camp. L'animateur m'interpelle, me demande d'où je viens, etc...
On finit par arriver jusqu'à la route et lever le pouce en l'air.
On nous dépose à... Londres ?!


On voudrait aller jusqu'à la Rioja. Un couple d'Argentins nous emmène un bon bout de chemin. Sous la chaleur torride on traverse des paysages désertiques sur des routes qui n'en finissent plus. Heureusement, on nous hydrate à grands coups de maté. On pensait être au maximum de la chaleur, mais quand nos amis s'arrêtent pour acheter des olives à un producteur qu'ils connaissent, on s'aperçoit que dehors c'est un FOUR, et qu'en comparaison la voiture est drôlement fraîche.


Au moment où nos chemins se séparent, ils nous abandonnent sur la route à une station de contrôle de camions, pour qu'on ne soit pas perdus au milieu de nulle part. Et à ce moment là, l'enfer commence.


Il y a peu de circulation, les voitures passent à toute allure et personne ne s'arrête. Heureusement, il y a un robinet et on se trempe toutes les deux minutes de la tête aux pieds pour supporter la chaleur (on est évidemment sec dans la minute qui suit). On ne sait pas si l'eau est potable, mais à ce moment là on s'en fiche pas mal ! L'avenir nous dira qu'on ne mourra pas intoxiqués et qu'on ne fera pas caca mou. (Malgré les olives au roquefort mangées à température ambiante... Caliente.)

En fin d'après-midi un être humain sort de la cabane et nous offre une bouteille d'eau glacée. Il était temps de réagir Michel, mais enfin ça fait du bien.
Quand le soir se met à tomber on commence à marcher les quelques kilomètres qui nous séparent du prochain village. Arrivé là-bas, on commence par s'offrir un coca froid avec plein de glace, et on nous apprend que passe dans une demie heure un bus pour la Rioja, qu'on prend.

Ce qu'on savait pas c'est que la Rioja c'est moche, y a rien à y faire, et surtout il y fait une chaleur insupportable, pire que tout ce qu'on a eu jusque là, sans air, l'enfer. La nuit est à peine plus respirable.

Si on avait sû, on aurait accepté la proposition d'un camion qui s'était arrêté et qui allait à Mendoza directement...